dimanche 31 mars 2013

Mars 2013: Focus sur les asexuel.le.s et leur rapport au sexe

AVA s'intéresse à la diversité des points de vue et des expériences, à toutes les façons de vivre l'asexualité. Pour donner de la visibilité à cette diversité, nous publions régulièrement des témoignages de personnes qui nous parlent de leur asexualité avec leurs propres mots. Aujourd'hui Louison, Sophie, Julien, Pepapig, Isilua, Olivier, Oriane et Tyane nous racontent leur rapport au sexe.


Je ne me suis jamais masturbée, n’ayant jamais éprouvé le moindre désir de le faire.
Ce n’est pas une question de morale, je suis amorale, et j’ai expérimenté, avec une dizaine de partenaires dans ma vie, toutes les formes de sexualité, sans aucun tabou.
Je n’ai jamais éprouvé de désir, mais, contrainte par les circonstances (difficile de se passer de sexe quand on est avec un S), j’ai très souvent éprouvé de vifs orgasmes. Pour moi, c’est un fait essentiel : mon asexualité n’est pas absence de plaisir, mais de désir.
Je pense que la libération sexuelle fut un grand bien, mais que nous sommes tombés dans l’excès inverse. L’image de la femme objet me paraît plus violente que jamais, et des pratiques de sex-shop deviennent le quotidien obligé de certains S (j’en ai connu, qui collectionnaient les godemichets et voulaient absolument réaliser avec moi des fantasmes bas-de-gamme. Imaginez ma souffrance de A… « Plus jamais cel », me suis-je dit quand j’ai compris que je n’étais pas « anormale », mais A…)
Louison

J’ai eu énormément de relations sexuelles, plus d’une centaine (je vous rassure, avec tout de même un nombre restreint de partenaires !). La question me direz vous c’est, pourquoi avoir des relations sexuelles, si je n’en ai pas envie ? La première réponse que je pourrai y apporter, c’est que je n’ai pas su, tout de suite, si j’étais frigide ou asexuelle, ou si le garçon n’était pas compétent. J’ai donc voulu essayer pour voir comment avoir du plaisir. La deuxième réponse c’est que, bien qu’étant aromantique et asexuelle, je n’en suis pas moins une fille, qui aime plaire, et qui aime se sentir séduisante. Aussi, j’adore passer des nuits dans les bras de l’autre, et si cela inclus de devoir coucher (et simuler par conséquent …) je suis prête à le faire.
En ce qui concerne mon attitude envers le sexe, j’y suis plutôt indifférente. Je ne ressens tellement rien, que je suis telle une poupée : je me laisse faire, et en général, mes copains ont toujours passé d’excellents moments avec moi au lit, car je n’ai jamais été la fille exigeante / qui a mal / qui souhaite à tout pris dominer ou quoi que ce soit. En en discutant avec mes ex, j’ai même appris, sans le savoir moi-même, que j’étais apparemment « un très bon coup » ! Un comble, lorsqu’on sait que je ne pourrais jamais dire ça d’eux ! Quoi qu’il en soit, je n’éprouve aucun plaisir lors de l’acte, et je ne fais que simuler. J’ai déjà essayé de me masturber, mais cela n’a aboutit à rien : je ne ressens rien, et je m’ennuie très rapidement !
J’ai bien l’impression que la société est hypersexualisée, étant donné que l’on voit le sexe, l’envie, de partout. En travaillant dans la publicité, je vois bien que le sexe est un vecteur de vente, qu’on cherche toujours à susciter l’envie, et le désir. En revanche, je constate aussi que c’est plutôt vendeur, et que si cela vend, c’est surement parce que cela a un effet sur les sexuels. D’ailleurs, je n’ai rien à reprocher aux sexuels. Ce serait finalement, comme de reprocher quelque chose à 99% des personnes sur terre ! Je pense que comme les asexuels, il y a plusieurs types de sexuels : ceux qui ont besoin de beaucoup de sexe, ceux qui n’en ont pas besoin de beaucoup, ceux qui privilégient la qualité, ceux qui leur préfèrent la quantité, ceux qui n’ont du désir que quand ils ont des sentiments etc etc … Partant de là, je pense qu’il en faut également pour tous les goûts, et qu’il semble donc logique que les sites de rencontres divers et variés puissent exister.
Sophie

As-tu/as-tu eu des relations sexuelles ?
Oui
Quelle est ton attitude envers le sexe ? Te qualifierais-tu plus d'indifférent envers le sexe, ou repoussé ? Autre ?
Je suis indifférent. Je n’ai pas d’attirance pour le sexe mais ça ne me dérange pas de « pratiquer » si on m’en fait la demande. J’aime d’ailleurs donner du plaisir sexuel et satisfaire la femme que j’aime. C’est une composante qui a de l’importance dans la vie de couple que je souhaite avoir.
Penses-tu que la société soit hypersexualisée ?
Oui, le sexe est partout. A la télé dans les pubs, les affiches dans la rue, les magazines… le sexe faitvendre et les publicitaires l’utilise énormément.
Que penses-tu des sexuel(le)s?
Je n’ai pas d'avis sur eux. L’important pour moi et d’être en accord avec soit même et son conjoint.
Eprouves-tu du plaisir lors des rapports sexuels ? Pratiques-tu la masturbation ? Pourquoi ? 
J’ai beaucoup de plaisir dans les rapports sexuels lorsque ceux-ci sont pratiqué par amour. Je pratique aussi la masturbation car malgré que je n’ai pas d’attirance, mon corps a parfois des besoins que je dois assouvir. Mais je n’ai aucunement besoin de les assouvir avec quelqu’un.
Julien

J’ai donc déjà eu des relations sexuelles et je n’ai jamais aimé ça. Je n’ai jamais ressenti de plaisir.
A force d’avoir essayé d’y croire et d’aimer ça, j’en suis maintenant totalement dégoûtée.
Je suis convaincue que la société est hypersexualisée. La pub en particulier en est un exemple.
Je pense que les sexuels ont un truc different de nous qui peut être parfois sympa quand il est partagé mais que je trouve asservissant la plupart du temps. De ce que j’en vois autour de moi, le sexe est beaucoup plus souvent une source de problème et de dérive que de bonheur. Je me dis parfois que j’ai de la chance d’être insensible à toutes ces solicitations du sexe.
Je me masturbe rarement et quand je le fais c’est en guise de somnifère!
Pepapig

Je n'ai jamais eu de relation à ce jour, et je ne pense pas que ça changera. Simplement car j'ai comme l'impression de compendre que ça ne me fera rien. Comme une personne n'aimant pas les fruits comprend instinctivement qu'elle n'aimera pas une mangue sans l'avoir gouté.
Je ne me sans pas repoussé par le sexe, s'il le fallait je pourrais avoir une relation sans problème, mais ... à quoi bon ? Je n'y vois aucun intérêt.
Je pratique la masturbation, et il m'arrive de regarder des vidéos X pour me motiver. Pourquoi ? Car je trouve que ça "vide", je ne saurais pas comment dire. C'est pas une sensation énorme ou autre, simplement on se sent plus "léger".
Les films X je les regarde pas pour le c*l, mais plus pour essayer de ressentir ce bonheur qu'ils peuvent éprouver.
Isilua

J'ai une attitude tout à fait neutre vis à vis du sexe, ça ne m'intéresse pas, mais ça ne me dégoute pas non plus. En fait je vois une relation sexuelle comme un câlin qui dérape. J'apprécie le contact physique, l'intimité, les câlins... le sexe en lui même est moins intéressant c'est tout.
Olivier

As-tu/as-tu eu des relations sexuelles?
Oui.
Quelle est ton attitude envers le sexe? Te qualifierais-tu plus d'indifférent envers le sexe, ou repoussé?
Indifférente. Et parfois dégoûtée, ça dépend. Genre les french kisses et la fellation, ça me donne la nausée rien que d’y songer. Sinon, je m’en fous. Donc parfois je dis oui à mon compagnon sexuel, quand je me sens pas trop fatiguée.
Penses-tu que la société soit hypersexualisée?
Oui, m’enfin je fais pas de liens pour autant avec les asexuels, ils sont ce qu’ils sont, qu’importe leur époque.
Eprouves-tu du plaisir lors des rapports sexuels?
Du plaisir physique oui. Mais je me demande encore comment on peut appeler « plaisir » un truc qui te raidit puis te rend raplapla, bouillant et puant.
Pratiques-tu la masturbation? Pourquoi?
Quel intérêt ?
Oriane

Le sexe occupe finalement une place assez ambivalente dans ma vie : à la fois, je ne ressens pas de gêne à en discuter, je m’en accommode relativement bien pour en plaisanter, en même temps, je me lasse de son omniprésence. Au-delà des formes ridicules que prend parfois l'érotisme dans notre société, et en particulier, j'assume le lieu commun, d'un affichage publicitaire qui m'est totalement insipide, ce qui me dérange le plus réside dans l'hypocrisie qui consiste à présenter la valorisation de l'activité sexuelle comme un moyen d'émancipation, et en faisant ainsi une règle stigmatisant les personnes qui n'y adhèrent pas. Le problème principal ne consiste finalement pas tant sur l'importance quantitative du sexe dans les discours que sur son appréciation, positive ou négative, même si, à longueur de journée, l'accumulation de références à la vie sexuelle peut également fatiguer, asexuels ou non. Les mouvements de libération sexuelle rejetèrent d'abord les tabous et l'oppression pesant sur la sexualité ; ils doivent maintenant lutter contre l'excès contraire. Un seul défi revient et demeure : le respect de l'autre dans sa différence.
Tyane


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