"Je témoigne ici en tant que sœur
jumelle d'une asexuelle. Nous sommes de « vraies »
jumelles comme on dit, avec le même patrimoine génétique donc.
Pourtant je suis hétéro-sexuelle. Il me paraît étrange que l'on
continue de nos jours à parler de l'orientation sexuelle comme étant
un facteur génétique ou une question d'éducation... Mais ceci est
un autre débat.
Je souhaite parler de ma relation avec
ma sœur ainsi que de son parcours d'asexuelle pour mieux faire
connaître l'asexualité et faire cesser tous les clichés qui y sont
rattachés.
Quand on était adolescentes et que je
commençais à m'intéresser aux garçons, je voyais bien que ma sœur
n'était pas l'interlocuteur idéal. Pour moi, c'était parce que
cela ne l'intéressait pas encore. Je grandissais alors qu'elle
restait un peu en arrière. Mais plus tard, quand on a réussi à en
parler un peu, je me suis rendue compte qu'elle était très
malheureuse. Elle a rapidement commencé à se poser des questions, à
douter. « Pourquoi je ne suis pas comme les autres ?
Pourquoi je ne suis pas normale ? » Je peux vous dire que
voir souffrir sa sœur jumelle est très difficile à supporter.
D'autant plus que je n'avais pas les réponses à toutes ces
interrogations.
Elle a passé plusieurs années à
errer, à essayer de se reconnaître dans les différentes et uniques
voies que la société nous propose quant à notre sexualité :
hétérosexuelle, homosexuelle voire bisexuelle. Mais dans toutes ces
configurations il y a du désir sexuel. D'ailleurs on le voit partout
ce désir, cette norme que l'on banalise de plus en plus : les
pubs, les médias, les films... Elle, elle ne ressentait pas ce
désir, cette attirance sexuelle. Alors comment pouvait-elle se
sentir « normale » dans un monde pareil ? Un monde
qui traite les personnes qui n'ont pas de désir charnel de frustrés,
de coincés, de refoulés ? La phrase la plus fréquente que
beaucoup d'asexuels ont dû entendre est la suivante : « c'est
parce que tu n'as pas trouvé le bon / la bonne ». En résumé,
« toi aussi tu rentreras dans la norme parce qu'on est tous des
êtres sexuels. Ce n'est pas normal sinon. » Et je peux vous
dire que les vrais asexuels ne sont pas des personnes, tellement
frustrées que personne ne veuille d'eux, qu'ils se revendiquent sans
désir sexuel. Non, ma sœur a toujours eu des prétendants...
Un jour, il y a 4 ans, elle m'a
annoncé avec un grand sourire qu'elle était asexuelle. Comme
presque toute la population, je ne savais pas ce que c'était. Elle
m'a expliqué et m'a dit combien elle était heureuse d'avoir trouvé
des « gens comme elle ». Depuis je l'ai vue renaître.
Elle n'était ni seule, ni folle, ni anormale. Elle est tout
simplement asexuelle. Une orientation sexuelle comme une autre au
final. Pour moi l'important était qu'elle soit enfin heureuse et
épanouie. J'ai complètement accepté cela, et j'ai commencé à me
battre au quotidien contre tous les clichés sur l'asexualité que
j'entendais, pour défendre l'existence d'une 4ième orientation
sexuelle. Qui sait, peut être que quelqu'un dans le doute comme
l'était ma sœur à une époque aura entendu mes paroles et aura
découvert l'asexualité.
Je suis fière de ma sœur et de son
courage pour défendre ce qu'elle est."
Hope
L'asexualité peut en effet être très bien acceptée par l'entourage, et c'est beau de voir qu'au delà des différences, il y a des choses qui seront toujours inébranlables. Je pense au lien de gémellité comme ici, mais aussi à la fraternité en général, à l'amitié, à l'amour maternel... etc
La différence est une richesse.
A venir: les témoignages d'avril! :)
Bouleversant, et très intéressant, car c'est un témoignage unique, qui devrait faire réfléchir les généticiens et les psychologues. Une aide précieuse pour nous autres A.
RépondreSupprimerLouison
Je découvre l’asexualité aujourd'hui, par un article, par ce site, puis par ce commentaire.
RépondreSupprimerC'est fort.
Curieux de nature, je me suis souvent demandé d'où venait l'homosexualité, quelle en était la cause pour que la conséquence nous soit si régulièrement présentée comme l'opposée de la norme qu'est l'hétérosexualité : est-ce inscrit dans nos gènes ? dicté par notre éducation ? Et là, je découvre que deux sœurs jumelles (peu probable que leur éducation soit foncièrement différente donc, et je ne parle pas de leurs gènes) peuvent vivre et (surtout) s'épanouir dans des sexualités divergentes ! Eh bien, je suis stupéfait.
Merci à cette association et à ces deux sœurs d'avoir bouleversé mes croyances erronées.
PS : Si vous pensez pouvoir m'aider à répondre à mes questions de causes et de conséquences, que vous avez de la documentation donnant des pistes un peu plus précises, je suis preneur ! Vous pouvez m'écrire à l'adresse suivante : ellian.marc@gmail.com